"Je ne connais pas cette personne, mais elle n'a jamais travaillé sur des dossiers ayant trait à l'emploi. Elle n'a même jamais travaillé dans une entreprise". Rappelons-nous ces propos d'un responsable syndical lors de la nomination surprise début septembre de Mme Myriam El Khomri en remplacement de François Rebsamen. Pourtant, la voici chargée d'aller au front, devenue la "façade" du travail mené par le comité Badinter et par la commission Jean-Denis Combrexelle, et la cible de la contestation de la rue comme de gens de son camp.
Alors ? L'exposé des motifs de cet avant-projet de loi énumère les raisons de ... "parachever les fondements de ce nouveau modèle social" ! Voilà qui fait évidemment peur à ceux qui s'accrochent à ce fameux modèle français que plus personne ne veut financer, qu'il s'agisse de l'assurance-maladie, des retraites, ou du chômage.
Il y a du bon dans ce projet : recentrer le rôle de la loi sur les règles d'ordre public, baser les relations sociales et la négociation collective sur la confiance plutôt que sur la défiance ...
Mais on veut encore échapper au contrôle démocratique quand on veut faire créer, par la loi, une "commission de refondation" du code du travail qui assurera sa nouvelle rédaction : même si les principes en sont donnés, ce travail aurait dû être conduit avant de soumettre ce projet de loi au Parlement. On est dans la précipitation pour motif politique !
D'autre part, l'analyse des changements qui conduisent à adapter notre droit du travail est très insuffisante : parler de "la part croissante des services dans notre économie" est un aveu de faiblesse de notre industrie et de notre agriculture ! Parler de "l'élévation des qualifications" quand tant de nos cerveaux partent à l'étranger montre que ce n'est pas le bon repère pour adapter notre droit.
Et puis face à la fausse flexibilité annoncée aux PME en particulier sur les licenciements, dénoncée par le député Jean-Frédéric Poisson, on peut comprendre la furie des syndicats : ce projet de loi a l'énorme avantage de leur donner du vrai travail, beaucoup de travail constructif pour les années à venir ... Accepter un nouveau cap et l'ajuster pour permettre à tous les français de travailler, ou se résigner : "On verra" ?
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